‘Je suis certes le premier touché  chaque fois que, dans la vie, je vois se manifester le moindre geste de bienveillance désintéressée. Mais ce que je redoute et que je déteste en revanche, c’est la bonté qui s’affiche et la feinte compassion. Ce que je reproche alors à la gauche, c’est de revendiquer le monopole des bons sentiments et de jouer là-dessus avec un mélange de sincérité et de tartufferie, de bonne et de mauvaise foi qu’il est impossible de démêler. Ce qui me paraît clair en tout cas, c’est qu’on a glissé, progressivement, de l’émotion vrai, personnellement ressentie et fondée sur l’expérience directe, à un trémolo de façade, voire de comédie, qui participe désormais d’une espèce d’incantation collective.’

Vladimir Dimitrijevic, Personne déplacée

‘Ik ben zeker de eerste die diep wordt geraakt telkens wanneer ik ook maar het kleinste gebaar van belangeloze welwillendheid zie. Maar wat mij daarbij tegelijk tot vertwijfeling en afschuw drijft, is het vertoon van goedheid en geveinsd medelijden. Wat ik links dus verwijt is het opeisen van het alleenrecht op goede gevoelens en het uitspelen daarvan met een niet te ontwarren mengeling van oprechtheid en schijnheiligheid, van goede en kwade trouw. Wat me in ieder geval duidelijk lijkt is dat men gaandeweg is afgegleden, van de ware emotie die persoonlijk doorvoeld is en stoelt op directe ervaring, naar een soort gejank van uiterlijke schijn, ja zelfs van pure komedie, die nog slechts deelheeft aan een collectieve bezwering.’ Vladimir Dimitrijevic, Personne déplacée

Fondateur des éditions L’Age d’Homme, Vladimir Dimitrijevic reste aujourd’hui l’insoumis qu’il était vingt ans, lorsqu’il quitta la Yougoslavie en 1954 et se retrouva seul et démuni en Suisse, où il exerça mille petits métiers (jardinier chez un curé, couvreur, ouvrier d’usine, gardien de nuit, etc.) avant de devenir libraire, puis éditeur. Fou de littérature, parce que les livres auront été pour lui la seule respiration dans une société étouffante, il fonde en 1966 à Lausanne sa propre maison d’édition :L’Age d’Homme .
Monsieur Vladimir Dimitrijevic est décédé le 28 juin 2011.

http://www.lagedhomme.com/la-maison-deditions,fr,8,56.cfm

http://archaion.hautetfort.com/archive/2006/10/24/entretien-avec-vladimir-dimitrijevic.html